Nous eûmes une fois par le passé contacté Raymond, loueur de canoës et de V.T.T. C’était à la mi-juillet, à notre retour de Gênes. Mais comme la météo convenait plus aux herbagers, qui craignent une sécheresse dès que nous rencontrons trois jours d’ensoleillement consécutifs, qu’aux amateurs d’activités en plein air, nous n’eûmes pas d’autre choix que d’annuler notre réservation. Peu avant ce weekend du 15 Août un anticyclone a déposé ses valises juste au dessus de la France. Evelyne Delliat est formelle, le soleil sera bien présent et une vague de chaleur inondera l’hexagone dans les jours à venir. Une occasion comme celle-ci né pourrait pas se représenter de si tôt. D’un commun accord, nous convenons de quitter la ville samedi matin pour la verdoyante campagne thièrachienne, habillés de nos tongs et d’un maillot de bain. Le matin même, la puce né tient plus en place, bondissant partout comme un jeune labrador le jour de l’ouverture de la chasse. Nous avons à peine enfilé quelques croissants au petit-déjeuner que déjà elle m’attend dans la voiture côté passager pendant que je termine de rassembler mes affaires, sans oublier de remplir la gamelle du chat de croquettes. Enfin, nous prenons la route pour Autreppes, petit village situé en plein cœur de la vallée de l’Oise. Nous trouvons la base nautique sans problème puisqu’elle est signalée à l’entrée de la commune, à côté de l’axe vert. Nous nous présentons à des personnes sous un barnum à l’abri des U.V. Ces dernières consultent un listing où mon nom apparaît. Je paie la somme de vingt-cinq euros à l’aide de mes chèques vacances. Puis, nous enfilons des gilets de sauvetage, empruntons un bidon de plastique dans lequel nous enfermons à l’abri de l’humidité appareils photos, téléphones et d’autres objets qui craignent l’eau, et saisissons chacun une pagaie à la volée, avant de trainer nos kayaks jusqu’à la rivière. Nous voilà partis pour un parcours de dix kilomètres entre Autreppes et Eglancourt sur les traces de Stevenson, l’auteur écossais du célèbre Dr Jeckyll and Mr Hyde qui emprunta la même voie d’eau que nous en ce moment et écrivit à ce propos : ” L’air était pur et doux parmi tous ces champs verts et toutes ces choses vertes qui poussaient. Rien qui indiquât l’automne, dans le temps. Et quand à Vadencourt, nous nous embarquâmes au bord d’une petite prairie, en face d’un moulin, le soleil perça les nuages et fit resplendir toutes les feuilles dans la vallée de l’Oise, nature qui frappé davantage l’oeil de l’homme. Contrairement à l’Ardèche, au gorges du Verdon ou à celles du Tarn, l’eau n’est pas transparente ou bleue turquoise mais trouble avec plein d’algues fleuries et de nénuphars. Pas suffisamment cependant pour nous empêcher d’apercevoir quelques poissons, quelques alvins qui filent à l’anglaise dès que nous nous approchons d’eux, avec nos embarcations. Poules d’eau, canards, balbuzards et quelques vaches qui descendent des pâtures s’abreuver et pisser dans l’eau sont les autres animaux que nous croisons pendant notre descente tranquille. Du côté de l’architecture, nous apercevons quelques églises fortifiées, un vieux moulin et une centrale hydro-électrique. La navigation est aisée, l’eau est assez profonde, les berges assez distantes l’une de l’autre pour nous laisser transporter sans difficulté, en donnant de temps en temps quelques coups de pagaies pour rester dans la bonne direction. En un peu plus de deux heures seulement, pour arrimons à l’embarcadère d’Eglancourt où il nous suffit de téléphoner pour qu’une navette vienne nous récupérer à tout vitesse. Nous sentons la vase et avons la peau rougie par une surexposition au soleil mais c’est bien aise et heureux que nous regagnons le point de départ. Peut-être que la prochaine fois, désormais que nous apparaissons comme des navigateurs ou plutôt des marins d’eau douce hors-pair, nous tenterons une plus longue traversée de quinze kilomètres.