Le Montagnard résiste à l’envahisseur, la nouveauté, la modernité et au glamour. Pourtant, sans lui le quartier perdrait de son scintillement. Je parle du resto qui est à l’angle du bd de Ménilmontant et de la rue des Panoyaux. Qu’on soit dehors ou dedans, on fait partie d’un tableau contemporain et poétique. Bleue et rouge à l’extérieur, sombre dans la salle, l’atmosphère t’a une de ces gueules! Parfois c’est le tripôt dedans, avec des messieurs en chemises à carreau, moustachus et roublards. C’est pas Pagnol, mais ce sont les parisiens du 20e, venus du Maghred il y a longtemps qui tapent le carton. Au bar, le patron aux cheveux frisés, pas commode, mais toujours au poste, se déplace en terrasse servir leur café ou demi aux ladies du coin qui montrent leurs jambes et leur tenue printanière dès que possible. En salle, c’est comme une cantine ouvrière d’un autre temps avec un menu qui change tous les jours: oeufs mayo, steak — haricots verts, gros rouge, moutarde, baguette. Ce n’est pas que c’est si peu cher, c’est que c’est normal pour la prestation: simple, équilibrée, sans chichi. Brouhaha de cinéma. Encore un endroit à aimer et laisser en l’état, merci.